Mystère de l’identité



Mes oeuvres interrogent la question du sens et de la vérité dans notre monde contemporain. Dans cette nouvelle série intitulée « Mystère de l’identité », j’explore une multitude de thèmes tels que la désuétude du discours manichéen sur le bien et le mal, l’infiltration des humeurs extérieurs au-dedans de soi, et l’évanescence d’une identité déconstruite en permanence par l’ambiguïté de la relation entre le visage et le masque.



Dans mon travail, le masque inspiré des cultures africaines est mis en scène d’abord comme vecteur d’une appartenance à une société donnée. Ensuite, il est manié comme un signal, un marqueur d’une maturité acquise par l’expérience et le temps. En effet, traditionnellement en Afrique, le masque est intimement associé aux attributs du savoir et du pouvoir. Il n’est donc pas surprenant de le voir utilisé comme objet de décoration dans les boutiques artisanales, les lieux publics comme les restaurants ou même chez l’habitant. Parfois, il est aussi employé comme objet mystique lors de rituels et cérémonies spirituels. A ce titre, l’objet n’est plus figuratif puisque dans ce contexte, la fonction du masque n’est pas de reproduire les expressions humaines mais il sert d’intermédiaire entre le monde visible des vivants et celui invisible des esprits, des divinités et des ancêtres.



Dès lors, le masque est-il aussi le symbole d’une réalité cachée ? Et si le monde invisible est opérant, la matérialité du corps n’est-il qu’une illusion, une apparence ? Quel est la place de l’âme dans cette configuration?
Dans cette quête de sens et d’identité, le masque devient ambigu. Il est à la fois visage et masque du visage, vérité et performance de cette vérité. Les collages de papillons qui composent ces oeuvres sont des métaphores des moments majeurs mais furtifs où l’individu vit des transitions importantes dans son existence. Ces périodes de transformations émergent aussi bien lors de conflits internes au sujet, qu’externe à lui puisqu’il est simultanément soumis aux forces économiques, culturelles, sociales et politiques de son environnement. Le papillon est-il aussi le symbole de l’aube, ce passage radical de la nuit à la lumière ? Est-il aussi un rappel bis repetita des allers-retours entre les parts d’ombre et de lumière en chacun de nous ?



L’écriture, omniprésent dans mes compositions, est en soit la quintessence du génie de l’homme, dans sa capacité à représenter sa parole et sa pensée en signes compréhensibles de tous. Néanmoins, les écrits et symboles inventés, gravés, transcrits par l’humanité depuis les débuts jusqu’à nos jours ne sont tous connus, ni même compris. L’écriture, qui par définition est une porte dans la pensée, devient lui-même un objet de mystère, qui cache à son tour une réalité à démasquer.
Dans ma démarche, je revendique le part du rêve de l’artiste à vouloir vivre dans ce monde « dévoilé », où l’humain est dépouillé des masques qu’il s’est construit et ainsi mener une existence authentique et harmonieuse avec son environnement.